
Le 2 décembre dernier, le Giving Tuesday France a réuni associations, fondations, entreprises, collectifs citoyens et acteurs de l’engagement à la Maison de la Conversation, dans le 18ᵉ arrondissement de Paris.
Objectif : imaginer ensemble les formes d’engagement de demain qui permettront aux causes de se développer et de toucher des publics toujours plus divers et exigeants.
Cette matinée, placée sous le signe de la co-construction, du dialogue et de l’innovation, a été pensée comme un laboratoire d’idées entre acteurs et actrices de l’engagement. Des prises de parole autour d’initiatives innovantes et des ateliers collaboratifs ont permis de confirmer le dynamisme croissant du mouvement Giving Tuesday France et l’importance de créer des espaces pour penser collectivement l’engagement citoyen.
Organiser cet événement à la Maison de la Conversation était très symbolique. Ce tiers-lieu, dédié à la rencontre, au partage et à l’échange, incarne les valeurs mêmes du Giving Tuesday : inclusion, écoute, créativité et convivialité.
Les participants ont pu découvrir ce lieu chaleureux où se croisent habitants, associations, écoles, artistes et acteurs sociaux. Un environnement parfait pour réfléchir à la manière dont la conversation peut devenir un moteur d’engagement et un levier puissant pour créer du lien.
La matinée a débuté par un mot d’introduction de Yaële Aferiat (Directrice de l’Association Française des Fundraisers ) et de Xavier Cazard (fondateur de la Maison de la Conversation), qui ont rappelé l’ambition de cette rencontre : faire de chaque participant un acteur actif de la réflexion.
Puis Brigitte Lecordier, comédienne et marraine de Giving Tuesday, a pris la parole autour du thème “Donner de la voix à la générosité”. Elle a partagé la manière dont la voix, l’imaginaire et l’émotion peuvent servir de leviers pour encourager l’engagement, transmettre des messages et fédérer les communautés autour de causes solidaires.

Le premier temps fort de la matinée, le Speed Giving, a permis aux participants de rencontrer des initiatives innovantes représentant différentes formes d’engagement.
Pendant une heure, les participants se sont rendus sur différentes tables pour échanger avec des porteurs de projets :
L’objectif de ce temps était de favoriser la rencontre entre des acteurs d’horizons très différents et d’offrir un aperçu concret des nouvelles façons de mobiliser, former ou sensibiliser les publics.
Chaque porteur de projet a présenté son initiative, avant d’échanger avec les participants. Résultat : de nombreuses idées transférables, des contacts établis et une énergie positive pour nourrir les futures campagnes d’engagement.

La seconde partie de la matinée était consacrée à un atelier d’idéation guidé autour de la question centrale :
“Comment imaginer de nouvelles formes d’engagement au service des causes et des territoires ?”
Répartis en 6 groupes et accompagnés par des facilitatrices et facilitateurs, les participants ont travaillé pendant 40 minutes avant de restituer leurs idées en plénière. Les paperboards produits lors de ces ateliers en témoignent : les échanges ont été riches, créatifs et pleins d’idées concrètes.

Aller vers celles et ceux qui ne viennent jamais : comprendre, écouter, co-construire.
Cet axe a permis d’explorer comment aller à la rencontre des publics dits “invisibles” : personnes éloignées des institutions, non mobilisées, isolées socialement ou culturellement, ou simplement peu touchées par les canaux classiques d’engagement.
Une idée centrale ressort : l’engagement commence par l’écoute, dans les lieux où ces publics vivent réellement, au travers de formats qui favorisent la confiance et la participation.
🔹 1. Miser sur la conversation comme porte d’entrée vers l’engagement
Les échanges révèlent une forte récurrence des formats basés sur la parole et l’écoute.
Propositions issues de l’atelier :
Objectif : permettre à chacun de se sentir légitime pour s’exprimer, même s’il ne s’engage pas encore.
🔹 2. Aller physiquement dans les lieux où ces publics vivent
Les participants ont insisté sur une évidence souvent oubliée : pour toucher ceux qui ne viennent jamais, il faut sortir des lieux institutionnels et aller vers eux.
Lieux identifiés :
La proximité géographique crée la proximité relationnelle.
🔹 3. Travailler avec les acteurs déjà en lien avec ces publics
Un levier essentiel pour toucher les “invisibles” est de collaborer avec celles et ceux qui les connaissent, leur inspirent confiance ou partagent leur quotidien.
Acteurs cités :
Ces relais permettent d’entrer avec tact et respect dans des communautés qui ne se sentent pas concernées par des initiatives extérieures.
👉 En synthèse : comment aller vers les publics invisibles ?
1️⃣ Créer des espaces de parole ouverts, sécurisants et non jugeants.
2️⃣ Aller dans leurs lieux de vie pour favoriser la rencontre.
3️⃣ S’appuyer sur les acteurs locaux qui ont déjà leur confiance.
L’engagement des publics invisibles naît d’une rencontre authentique. Ces idées rappellent qu’avant d’inviter à agir, il faut d’abord écouter, reconnaître, et permettre à chacun d’exister dans la conversation publique.
Créer les conditions d’un engagement durable, joyeux et nourrissant.
L’axe a mis en lumière trois piliers essentiels pour donner envie aux bénévoles de rester : la convivialité, la co-construction, et un accompagnement attentif.
La fidélisation ne tient pas seulement à la mission proposée, mais à l’expérience globale que vit chaque bénévole dans la communauté associative.
🔹 1. Partage, réseau et convivialité
Les bénévoles restent lorsqu’ils se sentent intégrés à un collectif, accueillis et reconnus.
Idées issues de l’atelier :
Un bénévole qui se sent bien reviendra naturellement.
🔹 2. Co-construction et responsabilité partagée
Un des leviers les plus forts pour fidéliser est de permettre au bénévole de contribuer à la réflexion et pas seulement à l’exécution.
Ce qui a émergé :
Quand un bénévole peut influencer le projet, il développe un sentiment d’utilité et de légitimité durable.
🔹 3. Tuilage et tutorat
L’accompagnement est crucial pour éviter le décrochage et sécuriser les premiers pas.
Propositions identifiées :
Le tuilage crée un sentiment de soutien et empêche les départs précoces.
👉 En synthèse : les leviers pour fidéliser durablement
1️⃣ Nourrir la convivialité pour renforcer le sentiment d’appartenance.
2️⃣ Donner du pouvoir d’agir grâce à la co-construction.
3️⃣ Accompagner chaque bénévole avec attention, dès les premiers pas.
Un bénévole reste lorsqu’il se sent utile, reconnu et entouré. Ces pistes offrent des leviers concrets pour créer des communautés bénévoles solides, engagées et durables.
Comprendre leurs motivations, leurs codes et leurs besoins pour mieux les mobiliser.
Cette thématique a mis en lumière plusieurs leviers essentiels pour renforcer l’engagement des jeunes : repenser la manière d’entrer en relation avec eux, valoriser leurs compétences, créer des espaces adaptés et reconnaître les formes variées de contribution qui leur correspondent.
🔹 1. Adopter une pédagogie horizontale et valoriser les compétences
Les participant·es ont souligné que les jeunes souhaitent être considérés comme des partenaires, pas comme des exécutants.
Idées clés :
Impact : donner envie de s’engager en montrant que chaque jeune a une place utile et légitime.
🔹 2. Écouter leurs besoins et redonner un véritable pouvoir d’agir
Il existe une forte attente autour de l’écoute, de la légitimité et de la construction d’un cadre clair.
Ce qui est ressorti :
Un message fort : ce n’est pas un manque d’envie, mais un besoin de se sentir utile, légitime et entendu.
🔹 3. Reconnaître et valoriser toutes les formes d’engagement
Deux notions se répondent : devoirs vs gratitude. Les jeunes s’investissent lorsque l’engagement est choisi, jamais imposé.
Pistes issues de l’atelier :
Les jeunes veulent sentir que leur action compte, pas seulement qu’elle remplit un besoin organisationnel.
👉 En synthèse : comment mieux engager les 15–30 ans ?
1️⃣ Reconnaître leurs compétences et leur donner le pouvoir d’agir.
2️⃣ Construire des espaces d’écoute, de confiance et de co-décision.
3️⃣ Valoriser toutes les formes d’engagement, des plus classiques aux plus créatives.
L’engagement des jeunes existe déjà. Il s’agit avant tout de le comprendre, de l’accompagner et de lui offrir les bons espaces pour s’exprimer.

Comment mobiliser collaborateurs et entreprises dans une dynamique d’engagement durable ?
Les participant·es ont exploré une palette d’idées permettant de renforcer l’engagement solidaire au sein des organisations. Plusieurs leviers concrets ont émergé, autour de trois axes : favoriser le passage à l’action, créer une culture interne d’engagement, et structurer des parcours motivants et durables.
🔹 1. Faciliter les formes d’engagement ponctuelles et accessibles
L’objectif : proposer des moyens simples, rapides et concrets pour permettre aux salarié·es de contribuer.
Idées clés :
Intérêt majeur : réduire les freins à l’engagement en intégrant des formats « plug & play », adaptés au rythme professionnel.
🔹 2. Créer une véritable culture interne de l’engagement
Une idée forte ressort : l’engagement ne se décrète pas, il se cultive. Les entreprises ont un rôle d’animation et de sensibilisation.
Ce qui a émergé :
Enjeu : rendre l’engagement visible, légitime et valorisé dans la vie de l’entreprise.
🔹 3. Structurer des parcours d’engagement attractifs et durables
Pour dépasser le « one shot », les participant·es ont imaginé des dispositifs permettant d’accompagner les salarié·es dans un engagement plus riche et plus suivi.
Propositions :
Vision long terme : inscrire l’engagement dans la stratégie globale de l’entreprise et en faire un levier de cohésion et de sens.
👉 En synthèse : ce que les acteurs de l’engagement peuvent retenir
L’atelier a fait émerger une vision riche et nuancée de l’engagement en milieu professionnel. Trois leviers prioritaires se dégagent :
1️⃣ Simplifier : proposer des formats actionnables rapidement.
2️⃣ Sensibiliser : installer une culture interne de l’engagement.
3️⃣ Structurer : créer des parcours durables et motivants.
En conclusion, l’entreprise apparaît comme un véritable écosystème d’engagement, où chacun (dirigeant, collaborateur, RH, CSE) peut jouer un rôle. Les idées recueillies offrent un réservoir d’inspiration immédiat pour imaginer de nouvelles pratiques et renforcer les liens entre entreprises et associations.
Rendre visibles les causes, créer des rencontres, susciter l’émotion et l’engagement.
Ce thème a exploré de nombreuses manières d’occuper l’espace public pour faire vivre les causes de façon sensible, inclusive et participative. Les idées partagent un objectif commun : amener les habitants à devenir acteurs et non simples spectateurs, grâce à des formats surprenants, créatifs et accessibles.
🔹 1. Raconter des histoires dans la ville : parcours, récits, traces
Une série d’idées vise à faire vivre les causes à travers le récit, en créant des itinéraires ou des marques visibles.
Idées exprimées :
Ces formats transforment l’espace urbain en un terrain d’exploration solidaire.
🔹 2. Multiplier les espaces participatifs et les interactions spontanées
L’espace public devient un lieu d’échange, d’expression et de débat.
Idées évoquées :
Il s’agit de créer des interactions simples, humaines et immédiates.
🔹 3. Rendre le geste d’engagement visible et accessible
Au-delà de la communication, l’enjeu est de permettre des actions concrètes, rapides, et adaptées à tous.
Propositions relevées :
Chaque action doit donner la possibilité d’agir tout de suite, même à petite échelle.
👉 En synthèse : ce qu’on doit retenir pour investir l’espace public
1️⃣ Transformer la ville en terrain d’histoires et de rencontres.
2️⃣ Proposer des formats simples pour agir immédiatement.
3️⃣ Aller vers les habitants là où ils sont, avec des formats légers et inclusifs.
Ces idées montrent que l’espace public n’est pas seulement un lieu de passage, mais un formidable terrain d’engagement, de créativité et de mobilisation citoyenne.
Explorer les nouvelles formes d’engagement qui émergent hors des cadres traditionnels.
Cette thématique a permis d’identifier des évolutions profondes dans la manière dont les citoyens, en particulier les jeunes, s’engagent aujourd’hui. Les participant·es ont mis en lumière des formes plus fluides, créatives, communautaires, souvent appuyées sur la technologie ou sur des logiques de pair-à-pair.
Une tendance clé se dessine : l’engagement devient distribué, expérimental et souvent initié par des communautés plutôt que par des structures.
🔹 1. Mobiliser des communautés plutôt que des individus isolés
Les nouvelles formes d’engagement s’appuient de plus en plus sur des groupes organisés autour d’intérêts, de valeurs ou d’enjeux partagés.
Idées évoquées :
L’engagement devient plus puissant lorsqu’il est porté par des communautés déjà structurées.
🔹 2. Intégrer les innovations technologiques comme leviers d’impact
L’atelier fait ressortir plusieurs pistes autour de l’utilisation de la tech, non pas comme finalité, mais comme amplificateur d’engagement.
Exemples identifiés :
Les innovations technologiques ouvrent de nouvelles portes pour toucher des publics éloignés des formats classiques.
🔹 3. Faire émerger l’engagement dans la vie quotidienne
L’innovation réside parfois dans le fait d’insérer l’engagement dans des pratiques ordinaires, là où les gens sont déjà actifs.
Idées notées :
Quand l’engagement devient un prolongement naturel de ce que l’on fait déjà, il devient plus accessible.
👉 En synthèse : ce que nous apprend l’engagement innovant
1️⃣ L’engagement se déplace vers les communautés, pas les individus isolés.
2️⃣ La technologie devient un facilitateur puissant de mobilisation.
3️⃣ L’engagement s’intègre à la vie quotidienne, sans rupture.
Ces tendances ouvrent de nouvelles perspectives pour les associations, qui peuvent toucher autrement, plus largement et plus profondément.
Pour conclure la matinée, Yannick Blanc (vice président de La Fonda) a replacé les idées émises dans les grandes tendances de l’engagement en France.
Il a notamment souligné le développement des dynamiques intergénérationnelles, l’importance du territoire comme échelle de mobilisation, la montée des collectifs citoyens ou encore le besoin de créer des alliances entre associations, entreprises, institutions et habitants.

Au fil des échanges, la conviction que l’engagement doit être vécu, partagé et incarné s’est réaffirmé. La matinée à la Maison de la Conversation a offert un espace d’exploration des idées et de co-construction de solutions. Pour expérimenter de nouvelles approches et imaginer ensemble des solutions adaptées aux réalités de terrain.
Les participants sont repartis inspirés, et avec l’envie de développer de nouvelles formes d’engagement au service de leur cause.